samedi 15 juin 2013

Atelier d'écriture

Participation à un atelier d'écriture 
à la Bibliothèque municipale de Château-Gontier, 
un vrai délice.

Consigne : raconter un savoir-faire transmis par un proche à la manière de Philippe Delerm, dans La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules.


Contrainte : utiliser 3 mots = léger, insolite, présent

Aujourd’hui, j’ai rendez-vous. C’est un rendez-vous important pour moi. J’ai 9 ans, je marche cheveux au vent, d’un pas décidé sur le sentier menant à la plage. Un bref instant, je lève les yeux vers le ciel délavé, parsemé de quelques moutons blancs. Le soleil matinal d’été ne m’éblouit pas car un léger voile de brume le dissimule. 
Par les escaliers de granit, je descends vers la mer d’huile. Tout est calme. Seul le doux ressac parvient à mes oreilles. Mes pieds nus s’enfoncent dans le sable. Quelques grains s’incrustent dans ma peau  mais je poursuis mon chemin, humant avec délice l’air marin et salé. 
Deux vieilles dames m’attendent assises sur leur serviette de bain, tricot à la main. Elles doivent me transmettre la technique, celle pour les gauchères car je suis la seule de ma famille, côté femmes, à ne pas être droitière. 
Elles me tendent deux aiguilles, d’acier, pour débuter un cliquetis, insolite sur cette plage de Bretagne. Mais d’abord, il faut monter les mailles sur une aiguille, succession d’anneaux de laine violette. Puis se saisir de la seconde aiguille, pique en avant tel un chevalier qui se prépare au combat ! Enfoncer précisément la pointe dans un anneau, passer le fil de laine, prisonnier de sa pelote, par-dessus la première aiguille chenille, puis, respirer, et lâcher la maille. Recommencer incessamment, patiemment et regarder le résultat : un carré de mailles entremêlées, plus ou moins régulières. Pourtant je suis fière de mon premier ouvrage, avec la mer pour témoin et le sable pour preuve, mélangé inévitablement avec la laine.
À présent, je sais tricoter !